mardi , 19 mars 2024
Dernières nouvelles

Poste 7

Le tilleul et la maison du Commis

La Maison du Commis

Après cette petite pause à l’ombre du tilleul séculaire, approchez-vous de la maison du Commis. Contrairement au sens actuellement le plus usité de ce mot, le Commis était un personnage important ; aujourd’hui, on parlerait de directeur ou d’administrateur.

Difficile d’imaginer l’animation qui a régné ici pendant près de 200 ans : charretiers amenant des marchandises à transporter, bateliers (il y a eu jusqu’à 8 équipes de 3 hommes), paysans des environs affectés à la traction des barques avec leurs chevaux, charpentiers pour l’entretien des écluses et des bateaux, maçons, serruriers, cordiers, fileuses et simples manœuvres. Les notables pouvaient loger à la maison proprement dite, les gens du peuple dormaient sur la paille dans la grange. Et pour tous, privilège unique sur le tracé du canal, le Commis tenait auberge dans la maison. Les rapports concernant des débordements sont légion : on était plus près du saloon que de l’établissement public respectable !

Plan du port d’Entreroches

Petit quiz :

Enfants :

Un oiseau, effrayé par ton arrivée, s’est envolé dans le saule près du banc après le toboggan. A toi de le repérer. Il s’agit :

a) d’un pivert

b) d’un pic épeiche

c) d’un épervier

Tous :

Près de la maison du Commis, il y avait une chenevière. De quoi s’agit-il?

a) d’une forêt de chênes

b) d’un coin planté de chanvre

c) d’un endroit planté de genévriers (ce sont les Suisses allemands qui l’appelaient ainsi)

Cliquer pour revenir à l’itinéraire

Cliquer pour passer au poste 8

Pour en savoir plus

Pour comprendre l’importance de cette bâtisse, il faut savoir quelles ont été les grandes lignes de ce projet fou.

En 1640 est mise en service la première partie d’une voie navigable qui, à terme, devait relier la Mer du Nord à la Méditerranée en traversant le plateau suisse. Ce tronçon, qui va de Soleure à l’endroit où vous êtes en ce moment, sera prolongé jusqu’à Cossonay quelques années plus tard. Ce canal a servi essentiellement au transport de marchandises en direction nord, la plaine de l’Orbe n’étant pas carrossable.

Aux principaux points d’accès au canal sont construits des ports comprenant divers bâtiments : entrepôts, étable, grange, four, et surtout la maison de celui qui était préposé à l’enregistrement des marchandises et à la surveillance des bâtiments : le Commis. Cette fonction respectable imposait de savoir lire et écrire pour tenir les comptes et rédiger un rapport qui était adressé tous les deux mois à l’intendant d’Yverdon. Au début de l’exploitation, les Commis étaient des notaires ou des maîtres charpentiers ; par la suite ce furent des personnalités de la région. Parmi les noms de Commis, nous relevons quelques patronymes toujours présents à Eclépens : Ogiz, Monnier, Dutoit.

Entreroches a été le plus important des quatre ports construits : près de la moitié du trafic des marchandises s’y concentrait. Le vin, la denrée la plus importante transportée, était acheminé depuis les villages de la Côte par « le chemin d’Aubonne à La Sarraz », c’est-à-dire la route de l’Etraz. Les bateliers ne se gênant pas de contrôler l’état du vin tout au long du parcours, ils arrivaient à Entreroches déjà plus très frais et repartaient « sur Soleure » carrément avinés, d’où l’expression « aller sur Soleure » ! Le port d’Entreroches, dans la configuration actuelle, se situerait sur le côté nord de la route Bavois-Orny, approximativement dans le virage.

Carte du 18èmesiècle du secteur d’Entreroches. La flèche désigne le chemin (à l’origine une route romaine) que vous avez suivi pour rejoindre la route principale. On remarque aussi le Bief dérivé de la Venoge qui alimentait le canal en eau.